Hommage à une femme exceptionnelle
Ségolène Royal a rendu hommage à Benazir Bhutto, une « femme exceptionnelle », « extraordinairement courageuse » que l’on a « muselée par le sang », appelant à « se lever » en sa mémoire pour défendre les libertés.
« Nous pleurons tous une femme extraordinairement courageuse, assassinée en plein meeting », affirme l’ancienne candidate à la présidentielle dans un communiqué.
« C’est le courage et la liberté que l’on a cherché à faire taire à tout jamais. C’est la détermination d’une femme exceptionnelle que l’on a muselée par le sang afin de décourager et de faire peur aux démocrates dans les pays qui subissent le terrorisme et le fanatisme », a ajouté Mme Royal.
Principales réactions de la communauté internationale à la mort de Benazir Bhutto
- le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon:
« Il s’agit d’un assaut contre la stabilité du Pakistan et contre le processus démocratique dans ce pays », a-t-il dénoncé. « Je condamne ce crime abominable et je plaide pour que ses auteurs soient traduits en justice dès que possible ». Il a exhorté l’ensemble des Pakistanais à « travailler ensemble en faveur de la paix et de l’unité nationale ».
- le président américain George W. Bush:
« Les Etats-Unis condamnent fermement cet acte lâche perpétré par des intégristes meurtriers qui cherchent à saper la démocratie pakistanaise », a-t-il déclaré à la presse à Crawford (Texas). « Ceux qui ont commis ce crime doivent être traduits en justice ».
« Nous restons auprès du peuple pakistanais dans sa lutte contre les forces du terrorisme et du fanatisme », a-t-il noté. « Nous l’exhortons à honorer la mémoire de Benazir Bhutto en poursuivant le processus démocratique pour lequel elle a si courageusement donné sa vie ».
- le président français Nicolas Sarkozy:
« Je condamne cet acte odieux avec la plus grande fermeté », écrit le président français dans une lettre adressée à son homologue pakistanais Pervez Musharraf. « Le terrorisme et la violence n’ont pas leur place dans le débat démocratique et dans le combat des idées et des programmes », ajoute Nicolas Sarkozy.
Selon lui, Benazir Bhutto, qui était rentrée dans son pays pour participer à la campagne en vue des élections législatives du 8 janvier prochain, « paie de sa vie son engagement au service de ses concitoyens et de la vie politique du Pakistan ».
« La France, comme l’Union européenne, est particulièrement attachée à la stabilité et à la démocratie au Pakistan », affirme-t-il, estimant « plus que jamais indispensable que les élections législatives du 8 janvier se préparent et aient lieu dans des conditions de pluralisme, de transparence et de sécurité qui permettront au peuple pakistanais de s’exprimer et de choisir librement ses représentants élus ».
- le Premier ministre britannique Gordon Brown:
Avec un « immense courage », Benazir Bhutto a « tout risqué dans ses efforts pour établir la démocratie au Pakistan et elle a été assassinée par des lâches effrayés par la démocratie », a déploré le chef du gouvernement britannique. « On ne doit pas permettre aux terroristes de tuer la démocratie au Pakistan, et cette atrocité renforce notre détermination à ne pas laisser les terroristes l’emporter ici, là, ou partout ailleurs dans le monde », a-t-il ajouté.
- le Premier ministre indien Manmohan Singh, dont le pays a déjà affronté à trois reprises le Pakistan depuis 1947:
« Je suis profondément bouleversé et horrifié » par cet « assassinat odieux », a-t-il déclaré, saluant une dirigeante qui aura « oeuvré en faveur de la démocratie et de la réconciliation dans son pays ».
L’assassinat de Benazir Bhutto « n’est pas seulement mauvais pour le Pakistan », a pour sa part jugé l’ancien chef de la diplomatie indienne Natwar Singh. « C’est mauvais pour la région tout entière ».
- le Premier ministre italien Romano Prodi:
Il a estimé que Benazir Bhutto « avait choisi de se battre jusqu’à la fin avec une seule arme: celle du dialogue et du débat politique ». « Le chemin difficile vers la paix et la démocratie dans cette région ne doit pas être interrompu, et le sacrifice de Bhutto doit servir d’exemple fort pour ceux qui ne veulent pas céder face au terrorisme ».
- Anatole Safonov, émissaire du président russe Vladimir Poutine sur la coopération internationale contre le terrorisme:
« La situation déjà instable au Pakistan va être aggravée par ce puissant facteur », a-t-il souligné.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mikhaïl Kaminine, a condamné cette attaque, selon l’agence RIA-Novosti. « Nous espérons que les dirigeants du Pakistan réussiront à prendre toutes les mesures pour garantir la sécurité dans le pays ».
- le président afghan Hamid Karzaï, qui avait rencontré Benazir Bhutto jeudi matin, quelques heures avant son assassinat:
L’ancien Premier ministre « a sacrifié sa vie, pour le bien du Pakistan et de cette région », a-t-il observé, se disant « profondément attristé » par le décès de « cette soeur courageuse ». « J’ai trouvé en elle ce matin beaucoup d’amour et de désir de paix pour l’Afghanistan, pour la prospérité en Afghanistan et au Pakistan ».
- la chancelière allemande Angela Merkel:
« Cette attaque terroriste lâche (…) prend également pour cible la stabilité et le processus démocratique du Pakistan ».
- la présidence algérienne:
« C’est avec une profonde consternation que le peuple algérien vient d’apprendre l’assassinat de Mme Benazir Bhutto qui représentait une lueur d’espoir importante pour son peuple dans le processus de consolidation démocratique au Pakistan », note la présidence algérienne dans un communiqué relayé par l’agence officielle APS. « La violence où qu’elle se manifeste est inacceptable. Plus inacceptable encore est l’assassinat politique », souligne-t-elle.
- le Département fédéral des Affaires étrangères en Suisse:
La Suisse « condamne fermement cet acte que rien ne saurait justifier et qui met à mal le fragile processus démocratique de ce pays ». « Extrêmement préoccupée » par la situation au Pakistan, elle « appelle les autorités pakistanaises, ainsi que tous les acteurs concernés, à prendre les mesures nécessaires pour assurer la stabilité du pays et à faire en sorte que le processus démocratique se poursuive ».
Benazir Bhutto assassinée dans un attentatPar Augustine Anthony Reuters – Jeudi 27 décembre, 16h46
RAWALPINDI, Pakistan (Reuters) – Benazir Bhutto, ancien Premier ministre pakistanais, a été assassinée dans un attentat alors qu’elle venait de quitter une réunion électorale jeudi à Rawalpindi, près d’Islamabad.
Sa formation, le Parti du peuple pakistanais (PPP) et les médias officiels ont confirmé son décès.
« Elle est morte en martyre », a déclaré Rehman Malik, un responsable du PPP.
Bhutto, 54 ans, est décédée après son transfert dans un hôpital de Rawalpindi. Selon la chaîne de télévision Ary-One, elle a reçu une balle en pleine tête.
La police a indiqué que le kamikaze avait tiré plusieurs coups de feu en direction de Bhutto au moment où celle-ci quittait la réunion électorale organisée dans un parc public. L’homme a ensuite déclenché la charge explosive qu’il portait sur lui.
« L’homme a d’abord tiré sur le véhicule de Bhutto. Elle a baissé la tête et il s’est alors fait exploser », a déclaré Mohammad Shahid, un policier.
La police a fait état de seize victimes dans cet attentat intervenu en plein coeur de la campagne pour les élections législatives du 8 janvier. On ne sait pas pour l’instant si le scrutin va être maintenu.
« Cet acte est l’oeuvre de ceux qui veulent désintégrer du Pakistan parce qu’elle était un symbole d’unité. Ils ont achevé la famille Bhutto. Ce sont des ennemis du Pakistan », a déclaré à Reuters Farzana Raja, un responsable du PPP.
Un correspondant de Reuters présent sur les lieux a entendu deux coups de feu, puis l’explosion. Un autre correspondant de Reuters a vu plusieurs corps et la tête mutilée d’une personne sur une route près du parc où s’est tenu le meeting.
MUSHARRAF CONDAMNE
Le président Pervez Musharraf a condamné « dans les termes les plus vigoureux l’attaque terroriste qui a coûté la vie à Benazir Bhutto et à de nombreux autres Pakistanais innocents », a rapporté l’agence de presse officielle.
Il a aussitôt convoqué une réunion d’urgence des responsables du pays et a appelé « la population à rester calme face à cette tragédie ».
Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunira à 17h00 GMT pour des consultations à la suite de cet assassinat.
Les Etats-Unis ont très rapidement condamné l’attentat qui a coûté la vie à l’opposante pakistanaise, l’une des femmes politiques les plus célèbres au monde. « Cet attentat montre qu’il y a toujours des gens au Pakistan qui cherchent à saper la réconciliation et les progrès démocratiques », a dit un responsable du département d’Etat.
Le président George Bush, qui se trouve dans son ranch de Crawford, au Texas, où il passe des vacances, a été informé de la situation, a fait savoir la Maison blanche. Il doit s’exprimer sous peu.
Dans une lettre adressée à son homologue pakistanais, le président français Nicolas Sarkozy juge « plus que jamais indispensable » la tenue des élections législatives après « l’acte odieux » qui a couté la vie à l’ancien Premier ministre.
L’Inde de son côté déplore un « coup terrible porté à la démocratie ». « Avec sa mort, le sous-continent perd un dirigeant politique de premier plan qui avait oeuvré pour la démocratie et la réconciliation de son pays », a déclaré le porte-parole du Premier ministre Manmohan Singh.
A son retour au Pakistan après huit années d’exil, l’opposante pakistanaise avait déjà été la cible, le 18 octobre, d’un attentat qui avait fait 139 morts dans la foule qui s’était massée à Karachi pour l’accueillir.
Les activistes islamistes avaient été pointés du doigt mais celle qui fut la première femme à diriger le gouvernement d’un pays musulman s’était dit prête à braver le danger pour aider son pays.
Dans le discours qu’elle venait de prononcer jeudi, Bhutto avait justement évoqué ces menaces. « J’ai mis ma vie en danger, je suis rentrée parce que je sentais que ce pays était en danger. Les gens sont inquiets mais nous sortirons ce pays de la crise », déclarait-elle quelques minutes avant sa mort.
PREMIÈRE FEMME À LA TÊTE D’UN PAYS MUSULMAN
Les personnes qui s’étaient réunies près de l’hôpital où elle avait été conduite ont poussé des cris à l’annonce de sa mort. Certains ont scandé des slogans hostiles à Musharraf.
L’ancien Premier ministre Nawaz Sharif, figure de l’opposition, s’est adressé à la foule éplorée. « Mon coeur saigne et je suis aussi profondément attristé que vous », a-t-il dit.
Bhutto était devenue à 35 ans la première femme à diriger le gouvernement d’un pays musulman après la victoire, en 1988, de son parti, le PPP, fondé par son père.
En 1990, cible d’accusations de corruption, elle fut limogée, avant de revenir au pouvoir en 1993 pour en être une nouvelle fois chassée en 1996 sur fond de nouvelles accusations de corruption et de mauvaise gestion du pays.
Elle avait contesté le bien-fondé de ces accusations mais avait choisi de rester à l’étranger plutôt que de les combattre.
Sa famille n’a pas été épargnée par les violences.
Son père, Zulfikar Ali Bhutto, fut président puis Premier ministre du Pakistan avant d’être renversé en juillet 1997 et exécuté deux ans plus tard. Ses deux frères sont morts dans des circonstances mystérieuses.
Bhutto affirmait avoir été la cible de plusieurs tentatives d’assassinat ourdies par Al Qaïda dans les années 1990.
Selon les informations de différents services de renseignement, les taliban ainsi que des groupes djihadistes pakistanais avaient recruté des kamikazes pour mettre fin à ses jours.
Avec la contribution de Kamran Haider, version française Gwénaelle Barzic
Pakistan: l’ex-Premier ministre Benazir Bhutto tuée dans un attentat suicide
Par Par Nasir JAFFRY AFP – Jeudi 27 décembre, 18h03
RAWALPINDI (AFP) – L’ex-Premier ministre pakistanais et leader de l’opposition Benazir Bhutto a été tuée jeudi dans un attentat suicide qui a fait au moins 20 autres morts à l’issue d’un meeting électoral dans la banlieue d’Islamabad, à deux semaines des législatives.
Le kamikaze a d’abord ouvert le feu, l’atteignant d’une balle au cou alors qu’elle saluait la foule depuis le toit ouvrant de sa voiture blindée en quittant les lieux, selon des sources policières concordantes. Il a immédiatement après déclenché la bombe qu’il portait sur lui.
Benazir Bhutto, qui fut en 1988 la première femme à diriger un pays musulman, à l’âge de 35 ans, est morte ensuite à l’hôpital, sans que l’on sache encore si elle est décédée de sa blessure par balle ou des suites de l’explosion.
L’attentat a été perpétré à Rawalpindi, une grande ville qui jouxte la capitale pakistanaise. Immédiatement après le drame, plusieurs corps déchiquetés jonchaient la route, a témoigné un journaliste de l’AFP sur place.
En plus de Mme Bhutto, au moins 20 personnes ont été tuées et 56 blessées, a annoncé le porte-parole du ministre de l’Intérieur, Javed Cheema.
Après la mort de Benazir Bhutto, les violences s’étendaient dans tout le pays. Quatre policiers ont été blessés par balles et 20 maisons brûlées dans un village selon la police tandis que le principal tribunal et un autre bâtiment officiel de Jacobabadont ont été incendiés.
Le président du Pakistan Pervez Musharraf, qui présidait une réunion d’urgence de son gouvernement et des autorités militaires au palais présidentiel à Islamabad, a d’ailleurs appelé ses concitoyens à rester calmes pour « que les desseins diaboliques des terroristes soient mis en échec », a annoncé la télévision d’Etat.
L’ex-Premier ministre Nawaz Sharif s’est lui adressé à la foule massée devant l’hôpital où Mme Bhutto est décédée.
« Je vous promets que je mènerai votre guerre à partir de maintenant », a-t-il lancé aux partisans de Mme Bhutto et aux nombreuses autres personnes dont bon nombre pleuraient.
Le président américain George W. Bush a fermement condamné » cet acte lâche perpétré par des extrémistes assoiffés de sang qui essayent de miner la démocratie au Pakistan », devant des journalistes à l’extérieur de son ranch texan de Crawford.
Le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband s’est de son côté déclaré « profondemment choqué » par cet attentat appelant « à la retenue mais aussi à l’unité ».
En France, le chef de la diplomatie Bernard Kouchner a exprimé sa « très grande émotion » et condamné fermement « l’acte odieux », a déclaré jeudi son ministère.
Ce drame est le dernier d’une série record d’attentats suicides dans l’histoire du Pakistan, qui ont fait plus de 780 morts en 2007.
Le plus meurtrier, pour l’heure, avait déjà visé une manifestation du parti de Mme Bhutto: le 18 octobre, deux kamikazes avaient tué 139 personnes dans un gigantesque défilé de sympathisants qui célébraient, à Karachi, la grande ville du sud, le retour de l’ex-Premier ministre après six années d’exil.
Mme Bhutto avait réchappé du double attentat parce qu’elle se trouvait à l’intérieur d’un camion blindé en tête du défilé.
Depuis lors, les autorités ont multiplié les avertissements, assurant que des informations « précises » permettaient de penser que les terroristes islamistes voulaient attenter à sa vie.
Après l’attentat du 18 octobre, Mme Bhutto avait accusé à plusieurs reprises des « hauts responsables » proches du pouvoir et des membres des services de renseignements d’être à l’origine de cette attaque, sans jamais le prouver.
L’ex-Premier ministre dirigeait le principal parti de l’opposition au président Pervez Musharraf, le Parti du Peuple Pakistanais (PPP) depuis qu’elle lui avait tourné le dos début novembre après avoir négocié, dans un premier temps, un accord de partage du pouvoir qui lui avait permis de rentrer d’exil grâce à une amnistie mettant un terme à des poursuites pour corruption du temps où elle dirigeait le pays (1988-1990 et 1993-1996).
C’est précisément en invoquant notamment la menace terroriste islamiste que M. Musharraf avait instauré l’état d’urgence le 3 novembre. Après quelques jours de tergiversations, Mme Bhutto avait mis un terme à ses négociations avec le chef de l’Etat pour un partage du pouvoir dans la perspective des élections législatives et provinciales prévues pour le 8 janvier et était entrée dans l’opposition.
Face à la pression intense de la communauté internationale et de l’opposition, M. Musharraf, qui a été réélu pour un second mandat le 6 octobre par les assemblées sortantes, avait finalement levé l’état d’urgence le 15 décembre et promis de tout faire pour assurer la sécurité de la campagne électorale et des opérations de vote.
Mme Butto menait campagne contre M. Musharraf mais surtout contre les fondamentalistes musulmans, en promettant d’ »éliminer la menace islamiste » du pays.
L’année 2007 a connu un record absolu du nombre d’attentats.
Avec celui de vendredi, plus de 780 personnes ont été tuées cette année à travers le pays, quasi exclusivement par des kamikazes.
Les Etats-Unis, dont le Pakistan de M. Musharraf est l’allié-clé dans leur « guerre contre le terrorisme », estiment qu’Al-Qaïda et les talibans afghans, épaulés par des militants locaux, ont reconstitué leurs forces dans les zones tribales du nord-ouest, d’où ils menacent de nouveau les Etats-Unis.
Après le siège puis l’assaut de la Mosquée rouge d’Islamabad début juillet, dans lequel une centaine de fondamentalistes lourdement armés ont été tués, Oussama ben Laden lui-même avait déclaré le djihad, la « guerre sainte », à M. Musharraf et son régime, pour venger ces « martyrs ».
Et récemment, un commandant proche des talibans a annoncé, selon la presse pakistanaise, qu’il ferait tout pour empêcher les élections.
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