S comme SABOTAGE Hansel et Gretel avancent à tâtons

Le président français et la chancelière allemande multiplient les désaccords sur les grandes questions de politique étrangère. A la realpolitik décomplexée du premier, la seconde oppose un idéalisme pragmatique.

merkel.jpgC’est une cordiale discorde qui unit – ou divise – le président et la chancelière. Ils font penser à Hansel et Gretel, les deux enfants du conte des frères Grimm. Pour ne pas perdre le chemin de leur maison, ils sèment à chaque pas une miette de pain, aussitôt mangée par les oiseaux et les écureuils de la forêt. C’est ainsi, il ne reste aucune trace derrière ces deux pauvres enfants tremblants de peur. Certes, ni Nicolas Sarkozy ni Angela Merkel n’ont peur de quoi que ce soit. Ni l’un, ni l’autre ne donnent l’impression d’avancer à tâtons dans une sombre forêt. Et pourtant, de leurs ambitieuses tentatives communes, dessinées ou ébauchées entre sourires et accolades lors de leurs fréquents et chaleureux entretiens, il ne reste bientôt plus aucune trace.
Contrairement au conte de Grimm, ce ne sont pas les animaux de la forêt qui dévorent les précieuses miettes ; ce ne sont pas non plus des étrangers hostiles. C’est Hansel et Gretel eux-mêmes qui les font disparaître.

Et la plus agile est Gretel, la chancelière, qui, oubliant les accolades protocolaires et les sourires, s’empresse de faire le contraire de ce que voudrait le président ou de torpiller ses projets. Il n’y a pas de quoi dramatiser : la mésentente cordiale entre le président et la chancelière n’est qu’un nouvel épisode du feuilleton de l’entente franco-allemande, le fameux « axe » moteur de l’Europe. Cette nouvelle étape traduit cependant bien les changements de situations et de personnalités. Berlin est au cœur de l’Europe élargie à l’Est. Les spectres du passé ont disparu. Les humeurs ont changé. Jadis allergique au vent anglo-saxon, Paris est devenu proaméricain. Mais l’Europe est restée empêtrée dans une union des patries.

Le chapitre le plus récent de cette cordiale discorde est celui de l’Union méditerranéenne. Après « les bras ouverts à l’Amérique », qui a tiré un trait sur la vieille incompréhension entre la France de De Gaulle et les Etats-Unis, l’Union méditerranéenne est sans aucun doute le projet de politique étrangère le plus ambitieux de Sarkozy. Une idée qui a suscité autant d’enthousiasme que de perplexité, de soupçons, d’oppositions. Mais les ­critiques les plus acerbes, les plus directes ont été formulées par Angela Merkel. Avec tout le travail qui reste à faire à l’Est, pourquoi disperser les énergies avec un nouveau projet qui risque de provoquer des fractures au sein de l’Union européenne ?

Le 6 décembre dernier, on aurait pu croire que la chancellerie adhérait à l’idée du président, et même qu’elle avait décidé de faire participer au projet – certes revu et ramené à de plus modestes proportions – une Allemagne transformée par miracle en pays méditerranéen. Nicolas Sarkozy exultait. Mais, le lendemain, le porte-parole du gouvernement allemand précisait que la chancelière rejetait l’Union méditerranéenne. Cette fois, le refus était net. Ce qui avait été habilement présenté la veille à l’Elysée comme un accord n’était qu’une illusion. Les accolades et les sourires protocolaires n’avaient exprimé que la mésentente cordiale entre les deux pays.

Deux styles qui, après les effusions rituelles, prennent leurs ­distances. Nicolas Sarkozy félicite ­Vladimir Poutine pour son succès électoral, Angela Merkel critique la manière dont les élections russes se sont déroulées. Dans l’enthousiasme de la réconciliation avec les Etats-Unis, Nicolas Sarkozy ne cite même pas l’Irak au cours de sa visite à Washington, alors qu’Angela Merkel, qui l’avait précédé, n’avait pas oublié d’évoquer l’illégalité de Guantanamo. Au sommet UE-Afrique de Lisbonne, Nicolas Sarkozy fait l’éloge du colonel Kadhafi, qui, un peu plus tôt, avait justifié le terrorisme comme « arme des pays faibles », tandis qu’au même moment Angela Merkel critiquait ouvertement Robert Mugabe, président-dictateur du Zimbabwe.

Deux caractères, deux politiques pour deux personnages pourtant idéologiquement proches.

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