Sarkozy insulte la République française au Vatican

 

 

Sarkozy insulte la République française au Vatican  rien  

Nicolas Sarkozy a fait, au Palais de Latran, le jeudi 20 décembre, le discours le plus antirépublicain et antilaïque qui ait sans doute jamais été fait par un Président français depuis des décennies.

Je reproduis ici dans l’ordre chronologique quelques-unes de ses phrases qui resteront dans l’Histoire de France comme autant de coups portés à nos institutions. Des commentaires personnels suivent ces citations. Le texte intégral de ce discours d’anthologie se trouve .

En préambule, il faut savoir que Nicolas Sarkozy, dans son discours comme dans l’interview qu’il a donnée aux médias du Vatican, a constamment parlé de « Saint-Siège », de « Saint-Père », de « Dieu » (avec majuscule et sans précision supplémentaire), etc. Bien évidemment, il a baisé la main du pape. Tous ces actes, tous ces mots, sont assurément prémédités : Sarkozy a voulu afficher le retour de la France dans le sein de l’Église catholique.

Nicolas Sarkozy (NS) affirme dès le début, à propos de son hôte Benoît XVI : « Quelles que soient les étapes de son séjour, Benoît XVI sera le bienvenu en France. » Ainsi, comme Kadhafi, Benoît XVI pourra venir à l’Assemblée nationale, s’il le souhaite. Pourquoi s’en priverait-il ?

Afin que les choses soient claires et qu’on ne puisse pas mal interpréter ses propos, il assène d’entrée également : « C’est par le baptême de Clovis que la France est devenue la Fille aînée de l’Église. Les faits sont là. » Cette expression « Fille aînée de l’Église », qui n’a aucune valeur autre que celle que veut bien lui donner l’Église catholique, est reprise ici par un Président français qui montre par là l’attachement indéfectible, la soumission de la France à sa mère universelle.

Pour qu’on ait bien compris, il ajoute : « Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes. Et la France a apporté au rayonnement du christianisme une contribution exceptionnelle. » Là-dessus, il cite une liste… de « saints » français, comme s’ils faisaient partie des grandes figures de l’Histoire de France.

Revenant à notre époque, il parle du cardinal Lustiger, au sujet duquel il dit : « J’ai tenu à participer à ses obsèques, car aucun Français, je l’affirme, n’est resté indifférent au témoignage de sa vie, à la force de ses écrits et permettez-moi de le dire, au mystère de sa conversion. » Hep, Nicolas, tu as oublié de tenir compte des millions de Français qui n’en ont rien à faire d’un homme qui passe sa vie à vendre l’idée d’une hypothèse divine et qui prétend faire le bien (et ça, ça se discute) non pas pour faire le bien, mais pour assurer sa place au paradis. NS ne devrait pas affirmer des inepties au nom de tous les Français.

Mais comme il représente la France, il en rajoute en dressant la liste des cardinaux français présents dans la salle, « dont l’action, je n’hésite pas à le dire, honore la France » . Ah oui ? Un pauvre type qui croit à la stupide idée de la Trinité, de l’Immaculée Conception, qui défend une idéologie liberticide (antiavortement, antihomos, etc.) « honore » la France ? Eh bien, on n’a décidément pas la même idée de l’honneur.

NS en arrive au sujet important : montrer aux vieux aigris qui l’entourent que l’heure de leur revanche a sonné, en s’en prenant à la laïcité française (c’est-à-dire l’unique laïcité). Refaisant un peu d’Histoire, il prend parti en déclarant : « Je sais les souffrances que sa [la laïcité] mise en œuvre a provoquées en France chez les catholiques, chez les prêtres, dans les congrégations, avant comme après 1905. » Un peu comme ces ecclésiastiques espagnols amnésiques qui ne voient que les martyrs qu’ils veulent, NS oublie de parler de tout le malheur, des siècles de guerres, des siècles de privation de liberté et d’endoctrinement religieux dont ont souhaité se débarrasser ceux qui ont mis en place la laïcité française version 1905. Tel le pape disant que les Indiens d’Amérique n’ont pas été convertis de force, NS se lance dans le révisionnisme.

Alors, que faire avec cette laïcité française encombrante ? NS a une idée : « C’est pourquoi nous devons tenir ensemble les deux bouts de la chaîne : assumer les racines chrétiennes de la France, et même les valoriser, tout en défendant la laïcité, enfin parvenue à maturité. » Mais c’est bien sûr ! Comme on ne se débarrassera pas tout de suite d’une laïcité « parvenue à maturité », c’est-à-dire ayant déjà été vidée de sa substance par les attaques successives portées depuis l’origine, il n’y a qu’une solution : valoriser le christianisme ! Et, forcément, on ne fera pas de jaloux, on valorisera les autres religions, parce qu’elles le valent bien.

Entre deux citations d’encycliques papales, NS fait une autoanalyse psychanalytique : emoticone« Les facilités matérielles de plus en plus grandes qui sont celles des pays développés, la frénésie de consommation, l’accumulation de biens,emoticone soulignent chaque jour davantage l’aspiration des hommes et des femmes à une dimension qui les dépasse, car moins que jamais elles ne la comblent. » Arrête de parler de toi, Nicolas. Ne vois pas en chaque Français un Sarkozy qui s’ignore.

Mais Nicolas Sarkozy ne m’écoute pas. Il enchaîne : « Le fait spirituel, c’est la tendance naturelle de tous les hommes à rechercher une transcendance. Le fait religieux, c’est la réponse des religieux à cette aspiration fondamentale qui existe depuis que l’homme a conscience de sa destinée. » Oui, NS a beaucoup étudié les humains, et maintenant il a tout compris de leur aspiration fondamentale. Il sait même, et ça c’est très fort, que l’homme a une destinée. On n’en saura malheureusement pas plus. La suite, sans doute, lors de la visite de son nouveau meilleur ami à Lourdes ou ailleurs.

Revenons-en à la vie politique et sociale française : « Mais un homme qui croit, c’est un homme qui espère. Et l’intérêt de la République, c’est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent. La désaffection progressive des paroisses rurales, le désert spirituel des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de prêtres, n’ont pas rendu les Français plus heureux. » Eh oui, nous l’avons souvent dit sur fairelejour.org : la République version UMP a besoin des religions, car avec elles les pauvres cons exploités continuent d’espérer. Tout se tient. NS pourrait néanmoins se demander si ce n’est pas plutôt sa politique de cadeaux fiscaux aux nantis qui n’a pas rendu les Français plus heureux. Mais ce serait demander un peu d’introspection à un homme qui n’a du temps que pour l’action ou les délires mystiques.

Nicolas se souvient sans doute pourquoi il est au Latran, à savoir faire vœu de repentance pour la méchante laïcité française, alors il poursuit : « C’est pourquoi j’appelle de mes vœux l’avènement d’une laïcité positive, c’est-à-dire d’une laïcité qui, tout en veillant à la liberté de penser (sic), à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout. Il ne s’agit pas de modifier les grands équilibres de la loi de 1905. Les Français ne le souhaitent pas et les religions ne le demandent pas. Il s’agit en revanche de rechercher le dialogue avec les grandes religions de France et d’avoir pour principe de faciliter la vie quotidienne des grands courants spirituels plutôt que de chercher à le leur compliquer. » La grande idée de valoriser les religions est ici développée. Pour parvenir à ses fins, le Président d’une République ne reconnaissant et ne subventionnant aucun culte mettra tout en œuvre pour « faciliter » la vie quotidienne des grandes religions (mais pourquoi se restreindre à quelques grandes religions, Monsieur le Président, alors que vous pourriez y associer quelques autres sectes ?), c’est-à-dire en organisant et en finançant les cultes et leurs lieux d’endoctrinement, en donnant sans doute plus de pouvoir aux religions dans des organismes officiels, au gouvernement, etc. Car NS sait que les religions n’apportent que du bon à la société. Il le dit haut (enfin… 1,65m environ) et fort : « Votre contribution à l’action caritative, à la défense des droits de l’homme et de la dignité humaine, au dialogue inter-religieux, à la formation des intelligences et des cœurs, à la réflexion éthique et philosophique, est majeure. » Oui, majeure ! Vous avez bien entendu, les religions défendent les droits de l’homme (inférioriser les femmes, mépriser les homosexuels, empêcher les gens de vivre leur sexualité comme ils l’entendent, etc.), la dignité humaine (par exemple en laissant les gens mourir comme ils le souhaitent) et participent à la formation des intelligences ! Il faudra bien qu’un jour NS nous dise où il voit de l’intelligence dans les religions. Ne confondons pas la connaissance (par la recherche, l’analyse, bref la science) et la croyance (gober des conneries simplement parce qu’on a des questions ou un manque affectif à combler).

Nicolas, quand il déconne, il s’y met sans modération. Aussi, se dit-il, pourquoi ne pas profiter de l’occasion pour insulter les enseignants ? Allez ! « [...] vous créez de l’espérance et vous faites grandir des sentiments nobles. C’est une chance pour notre pays, et le Président que je suis le considère avec beaucoup d’attention. Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. » Qu’on se le dise : un instituteur ne vaudra jamais un curé dans l’esprit simple de Nicolas Sarkozy. Soit ! Mais le plus stupéfiant est cette idée particulièrement crétine qu’un enseignant devrait s’approcher du niveau d’excellence du curé pour transmettre des valeurs… Visiblement, NS a quitté l’école trop tôt pour se rendre compte que l’Éducation Nationale n’avait pas pour but de ne faire que de la morale, en enseignant la différence entre le bien et le mal. Il aurait pu y apprendre aussi que l’école n’avait pas les mêmes valeurs que les religions : à l’école, on cherche la connaissance par l’instruction, la réflexion, l’épanouissement personnel, alors que les religions cherchent la soumission et l’absence de toute contestation ; à l’école, même si on est homo, on ne reçoit pas de coups de bâton ; à l’école, il n’y a pas de « peuple déicide », il n’ya pas de blasphème, il n’y a pas de « chiens d’infidèles ». Étonnant, non ? Enfin, si Sarkozy n’avait pas passé ses études à cracher sur tout ce qui est fonctionnaire, il aurait pu remarquer quelques enseignants qui sacrifiaient une bonne partie de leur vie pour des petits cons comme lui, sans jamais les exclure, sans jamais faire de différence. Oui, Monsieur Sarkozy, avec des enfants comme vous l’avez été, il est évident qu’il en a fallu de l’espérance !

Sarko, à la fin de son discours, met les points sur les i, et c’est avec une annonce on ne peut plus claire qu’il conclut, s’adressant à tous ces prélats heureux jusqu’à l’ivresse de ce qu’ils ont entendu, à tous ces hommes qui rêvent d’un hypothétique retour en force du religieux dans la société française : « Partout où vous agirez, dans les banlieues, dans les institutions, auprès des jeunes, dans le dialogue inter-religieux, dans les universités, je vous soutiendrai. La France a besoin de votre générosité, de votre courage, de votre espérance. »

Nicolas Sarkozy soutiendra le retour, le développement, la revanche du religieux sur cette laïcité aberrante. Sarkozy fera tout pour mettre de la religion, de la croyance, de la soumission, de l’espérance béate dans la tête des jeunes. Jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment écervelés pour introduire un bulletin UMP le moment venu.

 

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