« ma candidate » par Patrick MENNUCCI

Patrick MENNUCCI: Ma Candidate

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Entretien de Patrick Mennucci pour Libération

«Ils n’ont rien fait pour aider Royal»

Patrick Mennucci, proche de l’ex-candidate socialiste, revient sur la campagne présidentielle dans un livre

Par D’ALLONNES DAVID REVAULT

Ex-directeur adjoint de campagne de Royal, Patrick Mennucci inaugure avec Ma Candidate (1) une série de livres qui prennent la défense de ­Ségolène Royal. Entretien.

Pourquoi ce titre ?

Ce n’est pas une appropriation, mais une réponse à tous ceux dont Ségolène Royal était aussi la candidate et qui n’ont pourtant rien fait pour l’aider.

Vous consacrez nombre de pages à ceux qui auraient gêné sa campagne, à commencer par les proches de DSK…

A cause de l’opération de la cassette vidéo sur les 35 heures au collège, par exemple, nous avons dû ramer sur les enseignants pendant toute la campagne. Quant au manifeste des «143 rebelles», il était d’une violence extrême. Comparer Royal à l’Etat gaulliste qui empêchait les femmes d’être propriétaires de leurs corps, c’était très brutal. Ils ont commis une faute en transformant la primaire en machine à donner des coups.

Vous êtes aussi très remonté contre Hollande…

La direction n’a pas joué contre Royal, mais n’a pas non plus joué en sa faveur. Hollande a parfois été très bon, mais s’est aussi montré incapable de régler les problèmes. Il y a eu beaucoup de difficulté à mettre le parti en marche.

Vous parlez notamment de sa proposition sur les 4 000 euros de revenus ?

Pourquoi s’exprime-t-il là-dessus, en plein milieu de la campagne, sans en dire un mot à la candidate ? C’était une faute politique majeure.

Vous critiquez également sa réaction au débat proposé à Bayrou…

Quand Ségolène Royal propose le débat à François Bayrou, François Hollande explique immédiatement à la télévision qu’il ne faut pas parler à Bayrou, mais à ses électeurs. Il était toujours possible de faire le procès de Royal après l’élection. Mais fallait-il le faire cinq minutes après sa déclaration? D’ailleurs, aujourd’hui, Hollande rencontre Bayrou…

La candidate n’aurait-elle donc commis aucune erreur ?

Pour moi, l’erreur la plus importante, c’est de ne pas avoir poursuivi sur «l’ordre juste». C’était un vrai axe idéologique, qui correspondait à ce que voulaient les Français. Mais on a dû l’abandonner à cause des comparaisons avec Marcel Déat, ou encore de Cambadélis, pour qui l’ordre juste, c’était juste l’ordre.

La campagne de Royal aurait-elle été parfaite ?

Non. Beaucoup de choses ont été improvisées. Par exemple le contrat première chance, qui était un moyen d’accrocher les artisans acquis à la droite, et qui a été géré dans la précipitation. C’est un exemple de mauvaise organisation.

Les références chrétiennes de la candidate ne sont-elles pas en décalage avec la culture socialiste ?

Elles ne m’enchantent pas. Mais je considère que c’est une chance d’être à la fois la fille du PS et du catholicisme social.

Comment envisager la suite pour Royal ?

La rénovation ne pourra venir que des réponses aux questions qu’elle a posées pendant sa campagne : le rapport au marché, à l’individu, à l’autorité, sont des éléments essentiels de l’évolution du parti.

publié dans : Vidéos, Interviews & Meetings

EXTRAIT:

« Tu comprends, le parti ne paye pas la classe Affaires. Alors… »

En quelques secondes, Jack Lang a raté une occasion historique. Par pur souci de confort, il va refuser de représenter le PS au Chili en ce mois de janvier 2006. Patrick Mennucci, le futur directeur adjoint de sa campagne, s’adressera à une certaine… Ségolène Royal.

Pendant les dix-huit mois passés aux côtés de la candidate, ce marseillais, fidèle entre les fidèles, va vivre l’incroyable aventure présidentielle. Il flattera les uns, utilisera les autres, séduira les indécis tout en parant les coups.

La victoire semblait possible. Mais c’était ignorer l’hostilité sourde de l’appareil parisien du parti. Patrick Mennucci raconte comment, de la responsable des fédérations jusqu’à Hollande en personne, la résistance s’est organisée. Il s’ensuit une défaite honorable mais douloureuse dont ce témoignage unique, illustré de nombreuses anecdotes parfois cruelles, se fait l’écho.

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