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Ma plus belle histoire, c’est vous! Extraits du livre
Présentation de l’éditeur
Des rires et des larmes. Avec humour et émotion, Ségolène Royal dit tout sur les épreuves et les bonheurs de la campagne présidentielle. Avec le courage et la force qu’on lui connaît, elle en tire les leçons pour continuer, aujourd’hui, et demain, à écrire avec vous l’histoire de France.
- Broché: 336 pages
- Editeur : GRASSET (3 décembre 2007)
- Langue : Français
- ISBN-10: 2246736110
- ISBN-13: 978-2246736110
Quelques extraits du livre de Ségolène Royal, « Ma plus belle histoire, c’est vous », à paraître mardi chez Grasset:
LE RENDEZ-VOUS MANQUE AVEC FRANCOIS BAYROU
« ‘Non, non, ne montez pas, il y a du monde dans la rue’. J’ai François Bayrou au téléphone. Il est là haut chez lui et moi, je suis en bas dans la voiture. Je n’en reviens pas. Au dernier moment, François Bayrou refuse de me recevoir. Comme un amoureux qui craint la panne ou comme un adultère risqué (…) J’ai proposé à François Bayrou de venir à Matignon si je suis élue. (…) Nous avions évoqué l’idée de l’annoncer lors du débat télévisé contre Nicolas Sarkozy (…) Mais le cheval a reculé devant l’obstacle ».
LIONEL JOSPIN
« Il aura certainement été le plus dur, le plus tranché dans ses mots et son attitude. Sans concession, cassant, autoritaire. ‘On ne peut quand même pas lui confier le bouton nucléaire’, s’énerve-t-il devant Claude Allègre, Daniel Vaillant et François Hollande qui revenait chaque fois de ses rencontres avec Jospin avec cette phrase: ‘tu n’y arriveras pas; tu n’as rien vu encore de leur brutalité; tu n’es pas assez forte’ ».
LE PROCES EN INCOMPETENCE
« On ne va quand même pas confier les manettes du pays à une Bécassine serial gaffeuse! Le mode opératoire est désormais rodé et la vérité m’oblige à dire que tout a commencé lors du débat interne au Parti socialiste, que les snipers de Nicolas Sarkozy ont observé à la loupe ».
NICOLAS SARKOZY
« Le système Sarkozy existe, je l’ai rencontré. Pour sa résistible ascension, mon adversaire a pu compter sur un petit cercle de très proches et de très puissants. Dans la campagne 2007, la quasi-totalité de propriétaires de grands groupes de communication a soutenu comme un seul homme son candidat unique ».
FEMME ET CANDIDATE
« J’étais l’intruse à deux titres: femme dans une partie initialement non mixte, candidate non prévue par les appareils. D’où la violence et le mépris des réactions initiales à l’éventualité doublement iconoclaste de ma candidature ».
FRANCOIS HOLLANDE
« Pendant la campagne, la candidate se disait: demain c’est le bon jour, il va basculer vers moi, s’y mettre à fond (…) Et ce jour-là n’est jamais venu. Il a regardé de loin mais, contrairement à certains autres dirigeants, sans dire de mal. La candidate n’a pas trouvé d’épaule où poser son front pour se lâcher, pour pleurer quand c’était dur (…) Aujourd’hui, tout cela est passé. Je goûte cette nouvelle liberté, cette sérénité reconquise même si elle fut douloureuse à conquérir. Et quand François Hollande récemment a parlé de revenir, je lui ai dit que ce n’était pas une bonne idée. Mais que le travail politique solidaire pouvait bien sûr exister! (…) Oui, pour gagner une prochaine fois, il faudra le soutien de tout un parti et d’un compagnon amoureux, à fond avec la candidate ».
par Kévin publié dans : Actualités de Ségolène Royal & du PS
LIBERATION – PAUL QUINIO et DAVID REVAULT D’ALLONNES
QUOTIDIEN : lundi 3 décembre 2007
«Libération» s’est procuré «Ma plus belle histoire, c’est vous», le livre dans lequel l’ex-candidate du PS décortique son combat contre Sarkozy… et contre son parti. Et prend date.
« Je ne connais encore ni le lieu, ni la date, mais je sais qu’un jour, nous nous retrouverons.» C’est ainsi que se termine Ma plus belle histoire, c’est vous, le livre de Ségolène Royal qui sera demain en librairie. L’ancienne candidate socialiste à la présidentielle, filant la métaphore sportive, assure avoir «repris l’entraînement». «N’ayons pas peur», écrit-elle aussi en s’adressant à ces hommes et ses femmes qui, comme elle, «pensent que quelque chose s’est levé (pendant la campagne, ndlr) qui ne s’arrêtera pas». «Je gagnerai un jour pour eux» , assure aussi l’ex-candidate au début du livre. Pour ceux qui nourrissaient encore quelques doutes, les choses sont donc claires: «l’Histoire continue. C’est-à-dire le combat.»
L’ensemble du livre est évidemment à décortiquer à l’aune de cette détermination. Et même si la présidente de la région Poitou-Charentes ne dévoile rien de sa stratégie future (lire ci-contre), l’objectif est bien celui-là : tirer les leçons de la défaite pour être à nouveau candidate en 2012. Et la meilleure manière d’y arriver était manifestement, même si elle s’en défend, «de refaire le match» . Celui qu’elle a perdu contre Nicolas Sarkozy. Mais aussi celui qui l’a opposée à ses propres amis. Ma plus belle histoire est en fait un récit vérité d’une défaite. La vérité selon Royal, donc forcément subjective. Petites notes de lecture.
Le procès en incompétence. «Etais-je préparée pour l’élection présidentielle?», demande Royal. «Beaucoup plus qu’on ne l’a dit, mais sans doute moins qu’il ne l’aurait fallu», admet-elle. Jurys citoyens, nucléaire iranien, épisode du Hezbollah, «bravitude», justice chinoise… Toujours avec âpreté, l’ex-candidate défend ses positions. Pour elle, ces«bourdes qui n’en étaient pas» trouvent leur origine dans la primaire socialiste, «son cortège de coups bas et de petites phrases assassines».
Chers camarades. Sans surprise, l’ex-candidate ne ménage guère ses amis socialistes. A commencer par Michel Rocard, venu lui demander de se retirer, à quelques heures du dépôt des candidatures… «Presque un gag», moque Royal. Au delà, c’est toute la horde d’éléphants «qui a juré de m’écraser», assure-t-elle. Tout y passe: les absences de DSK et les «tours pendables» joué par «ses peu recommandables cerbères», les pressions de Laurent Fabius sur son lieutenant Claude Bartolone, qui a rejoint l’équipe de campagne… Mention particulière pour Lionel Jospin, «l’homme du déni majeur», qui a séché la cérémonie d’investiture pour assister au spectacle de Pierre Perret, «préférant sans doute les jolies colonies de vacances». Au-delà de ses ténors, c’est le «manque de travail et de réflexion collective du parti» que fustige, impitoyable, l’auteur. Un parti dont personne ne peut dire quelle est la position sur «tous les grands sujets économiques ou internationaux»…
Ségolène la très chrétienne.
«Je ne suis ni Jeanne d’Arc ni la Vierge Marie», assure Ségolène Royal. De sa visite à Notre Dame de la Garde à ses multiples citations et postures bibliques, la référence chrétienne a horripilé nombre de ses camarades. A son tour, elle s’agace de ces critiques. Selon elle, loin d’être en contradiction avec les idéaux de gauche, «la parole religieuse est une parole à côté des autres». Qui aurait même constitué une ressource face aux épreuves de la campagne.
Femme et candidate. Ségolène Royal l’assure:«La posture victimaire n’est pas dans ma manière». L’ex-candidate se brosse pourtant en «Bécassine entrée par effraction» à un niveau de compétition où la gent féminine n’évoluait pas jusqu’ici. Elle consacre de longs passages à «la violence et au mépris» dont elle a été la cible, et qui, selon elle, doivent autant à un sexisme culturel qu’à l’odeur du pouvoir: «Dans la vie quotidienne, la plupart des socialistes ne sont pas d’insupportables sexistes. [...] Mais l’élection présidentielle, c’est une autre histoire.» Celle qui s’affirme responsable politique et socialiste autant que femme et que mère assume avec force l’affirmation d’un genre en politique. Et refuse de «mettre son mouchoir sur sa féminité».
Rendez-vous avec Bayrou. Cocasse anecdote que cette relation faite par Ségolène Royal de son rencart nocturne, dans l’entre deux-tours, avec François Bayrou. Elle dans sa voiture, en bas. Lui en haut, chez lui, qui, soudain, prend peur: «Non, non, ne montez pas, il y a du monde dans la rue.» Il n’y a pourtant pas un chat, à cette heure tardive, dans cette tranquille rue du VIIe arrondissement de Paris. Mais, «comme un amoureux qui craint la panne ou un adultère risqué», le leader centriste, qui aux dires de Royal aurait accepté le poste de premier ministre qu’elle lui a proposé, se rétracte. «Le cheval a reculé devant l’obstacle.»
Sarkozy et les médias. «Le système Sarkozy existe, je l’ai rencontré», écrit Royal. Pour l’ex-candidate, au fondement de sa défaite, il y a les moyens de l’entreprise politique Sarkozy. Et puis, bien sûr, les liens entre le candidat de l’UMP et les patrons des grands groupes industriels, financiers et de communication, qui l’ont «soutenu comme un seul homme». Bouygues, Bolloré, Arnaud, Lagardère, Dassault, personne n’est épargné. Sur ses rapports personnels avec les reporters, au-delà d’une dent à l’égard des «éditorialistes frelatés», Royal assure avoir joué la distance, à l’inverse d’un Nicolas Sarkozy qui, selon elle, «a enfermé la troupe de reporters qui le suit dans un cocon affectif de vraie fausse camaraderie»
Mea minima culpa. Sans surprise, Ségolène Royal ne regrette rien. Ou si peu. La «seule faute» qu’elle concède, finalement, ne lui est pas imputable: «n’avoir pu aligner, au lendemain de l’investiture, un ombre respectable de ténors socialistes sourire aux lèvres et fleur au fusil». Une faute, donc, et tout de même quelques regrets. Celui du tempo des débats participatifs, en «décalage dans le rythme de la campagne». Et celui de n’avoir pu imposer au parti une contre-programmation d’envergure à la cérémonie d’investiture «mussolino-berlusconienne» de Nicolas Sarkozy, le 14 janvier. «J’aurais dû ruer dans les brancards. M’organiser. Les commander.» Plus qu’un regret, un défi?
par Kévin publié dans : Actualités de Ségolène Royal & du PS
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