REGLEMENT DE COMPTES par JULIEN DRAY

juju.jpg*« Règlement de comptes » de Julien Dray, Ed. Hachette Littératures, 17 €.

Silencieux depuis l’élection présidentielle, Julien Dray revient avec un livre, « Règlement de comptes », où il égratigne tous ceux qui n’ont pas soutenu Ségolène Royal. Et raconte comment Sarkozy a cherché à le débaucher.

ET UN DE PLUS ! Après une avalanche de livres anti-Ségolène et une pincée d’ouvrages la défendant, Julien Dray, pilier de la campagne présidentielle de Royal, publie un plaidoyer en faveur de l’ex-candidate qui se présente comme une virulente réponse au réquisitoire de Lionel Jospin, « l’Impasse ». Intitulé « Règlements de comptes »*, le livre du député PS de l’Essonne sera en librairie mercredi. « Le Parisien » et « Aujourd’hui en France » vous livrent des extraits choisis en exclusivité :

Ségolène et François

« En décembre 2005, je profite d’une intervention sur RMC pour déclarer que les socialistes devraient être attentifs au fait qu’il se passe quelque chose autour de Ségolène Royal. Quelques jours après, Ségolène m’appelle: – Julien, je veux être candidate à la présidentielle. Tu m’aides ?
- Et François ?
- Il n’est pas en situation. Il a refusé de se préparer. On a tous essayé de l’aider, mais tu vois le résultat. »

(…) En février 2006, je suis convoqué à déjeuner par Stéphane Le Foll, homme de confiance du premier secrétaire : « Alors, ça y est, tu laisses tomber François, tu es passé chez Ségolène ? » (…) La colère de Le Foll me perturbe. François prend-il ombrage de la montée en puissance de sa compagne ? Je sais alors que le couple traverse une mauvaise passe. (…) Le lendemain, je vois François en tête-à-tête. Il est mal à l’aise. Je lui raconte l’espoir, l’engouement que suscite Ségolène. François écoute et se contente de suggérer que se forme autour d’elle un petit groupe pour l’aider à structurer cet élan. « Ne la laissez pas seule», me demande-t-il. (…) Lorsque Ségolène remporte triomphalement les primaires socialistes, la question du directeur de campagne se pose. « Il faut que ce soit François », lui ai-je dit tout de suite. Elle a acquiescé : « Va le lui proposer. » Sans m’étonner sur le moment que ce ne soit pas elle qui lui en parle directement, je suis allé porter son message. Sa réponse est tombée comme un couperet : « Impossible. »

L’hostilité des « éléphants »

« Le 11 février au soir, après le rassemblement de Villepinte, (…) Arielle Dombasle organisait la première de son spectacle dans une grande salle parisienne. DSK y assistait. A ses interlocuteurs impressionnés par la performance de Ségolène, il répondit par une moue dubitative et finit par lâcher que cette « intervention à la Fidel Castro » n’était « ni faite ni à faire ». (…) Arrivant dans l’urgence (à un meeting en faveur du Darfour), Ségolène oublia, lorsqu’elle prit la parole, de saluer la présence de Laurent Fabius. Celui-ci entra dans une colère noire, prenant tout Paris à témoin pour faire savoir qu’il se sentait méprisé. Claude Bartolone, son fidèle lieutenant, fut sommé dès le lendemain de choisir : « C’est elle ou moi. » (…) Je me souviens de ce déjeuner de l’équipe de campagne où Claude s’était retourné vers nous pour nous dire qu’il n’aurait jamais cru qu’un jour il quitterait Dark Vador pour rejoindre la Petite Maison dans la prairie. (…) C’était bien de Laurent Fabius dont il parlait… »

Lionel Jospin

« Le livre de Lionel Jospin occupe une place particulière dans la série de pamphlets parus depuis notre défaite (…) Consacrer 88 pages sur 140 à démolir, avec des arguments d’une bassesse inhabituelle sous la plume d’une éminence de cet ordre, la candidate que l’écrasante majorité des militants socialistes a voulu, et soutenue, est non seulement la preuve d’une violence de tempérament qui ne surprendra que ceux qui ne l’ont jamais fréquenté, mais également une injure inqualifiable envers les 17 millions de Français qui ont voté Ségolène Royal. »

La tentative de débauchage de Sarkozy

« Dimanche 17 juin 2007, 18 heures, jour du second tour des élections législatives. Le téléphone sonne, Nicolas Sarkozy veut me parler (…) :
- Si tu veux me présenter tes condoléances pour ma défaite, attends encore deux heures !
- Tu vas être réélu, (…) mais là, je veux te parler de toi. (…) Je veux que tu entres au gouvernement. (…) J’ai besoin des meilleurs. (…). Tu feras ce que tu veux.
- J’espère que tu ne te fais pas trop d’illusions.
- Non, mais réfléchis, on ne sait jamais. »

 

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